Quand la reine vacille, la ruche se rebelle
Paru le 22 novembre 2025 – Université de Colombie-Britannique
Ce qui ressemble à une intrigue de série médiévale se joue chaque jour dans nos ruches : une souveraine affaiblie, des sujets qui se liguent, et un coup d’État silencieux. Chez les abeilles, ce scénario porte un nom : supersédure, le remplacement de la reine par ses ouvrières. Et derrière ce bouleversement, les chercheurs viennent de découvrir un coupable inattendu : les virus.
Le signal invisible qui déclenche la révolte
Une reine en pleine santé pond jusqu’à 3 200 œufs par jour, soit plus que son propre poids. Mais lorsqu’elle est infectée par des virus, ses ovaires rétrécissent, sa ponte chute et surtout, elle produit moins de méthyl oléate, un pheromone clé qui rassure la colonie sur son état. Privées de ce signal chimique, les ouvrières interprètent la baisse comme un signe de faiblesse et commencent à élever une nouvelle reine.
Un enjeu vital pour l’agriculture mondiale
Les abeilles pollinisent près d’un tiers des cultures mondiales. Or, la perte prématurée des reines fragilise les colonies, réduit la production de miel et compromet la pollinisation. Les apiculteurs constatent depuis des années une hausse des « reines défaillantes », souvent responsables des pertes hivernales. Cette étude révèle que les infections virales, souvent propagées par les redoutables varroa, sont au cœur du problème.
Une piste prometteuse pour les apiculteurs
Face à ce défi, les chercheurs proposent une solution innovante : des mélanges synthétiques de phéromones. Lors des essais, les ruches supplémentées en méthyl oléate ont montré une nette réduction des tentatives de remplacement de reine. Une stratégie qui pourrait stabiliser les colonies en période critique, comme la pollinisation ou la production intensive de miel.
Un appel à la vigilance
« Il n’existe aucun traitement contre les virus des abeilles », rappelle la chercheuse Alison McAfee. « Mais en comprenant leur impact, nous pouvons mieux gérer les varroas et donner à la reine une chance de régner plus longtemps. »
Un message clair : la santé de la reine n’est pas qu’une affaire de ruche, c’est une question de sécurité alimentaire mondiale.