Pollinisateurs : un service vital, mais ignoré économiquement
Les insectes représentent la majorité des espèces animales sur Terre, avec plus de 5 millions d’espèces estimées, dont seulement 1 million décrites. Pourtant, leur déclin s’accélère, menaçant des écosystèmes entiers avant même que certaines espèces ne soient découvertes. Parmi ces insectes, les pollinisateurs jouent un rôle crucial dans la survie des plantes à fleurs et, par extension, dans notre alimentation.
Un rôle écologique irremplaçable
Les pollinisateurs assurent la reproduction de nombreuses plantes cultivées et sauvages. Sans eux, la diversité végétale s’effondrerait, entraînant des conséquences en cascade sur la faune, la fertilité des sols et la qualité des ressources en eau. Ils participent aussi à la régulation biologique des ravageurs, à la décomposition des matières organiques et au maintien des cycles naturels.
Un service sous-évalué
La valeur économique de la pollinisation est considérable : des milliards de dollars par an. Selon les estimations, la production agricole rendue possible par les pollinisateurs représente plusieurs centaines de dollars par hectare, avec des cultures comme les fruits, légumes et oléagineux particulièrement dépendantes. À titre d’exemple, près de 75 % des cultures alimentaires mondiales dépendent, au moins en partie, de la pollinisation animale.
Sur 1,6 milliard d’hectares de terres arables dans le monde, environ 10 % (160 millions ha) concernent des cultures dépendantes des pollinisateurs. (10 % en surface et 75 % en variété)
La valeur économique estimée de la pollinisation sur ces surfaces atteint 80 milliards $, soit supérieure au chiffre d’affaires mondial des pesticides (50 milliards $).
Pourtant, ce service écologique n’est quasiment pas intégré dans les décisions économiques. Les profits liés aux pesticides éclipsent toute tentative de valorisation des services écosystémiques. Cette logique court-termiste met en péril la sécurité alimentaire mondiale.
Des menaces multiples
Usage massif de pesticides : La Chine consomme à elle seule un tiers des pesticides mondiaux. Ces produits tuent directement les insectes et appauvrissent leur habitat en réduisant la diversité végétale.
Réglementations inégales : Dans certains pays, des molécules interdites en Europe sont encore utilisées, aggravant la toxicité pour les abeilles et la contamination des sols et des eaux.
Changement climatique : Il perturbe la synchronisation entre floraisons et activité des pollinisateurs, augmentant leur vulnérabilité.
Pourquoi agir ?
Au-delà des chiffres, il faut rappeler que les pollinisateurs sont indispensables à la production alimentaire et à la stabilité des écosystèmes. Leur disparition ne se traduit pas seulement par une perte écologique, mais par un risque économique et sanitaire majeur. Valoriser leur rôle ne doit pas se limiter à des calculs financiers : il s’agit d’un enjeu vital pour l’humanité.