Analyse détaillée du marché du miel en Europe
Le marché européen du miel se structure autour de flux complexes entre production locale, importations extra-UE et réexportations intra-UE. Voici les points clés :
1. Dynamique générale
Importations en forte croissance : +36 000 tonnes en dix ans (de 78 884 t à 115 065 t).
Exportations stables : environ 23 758 t/an.
Production stagnante : croissance très lente, données FAO peu fiables.
2. Espagne : un marché atypique
Volumes équilibrés : l’Espagne produit, importe et exporte des quantités similaires.
Préférences des consommateurs : miels clairs, peu produits localement → nécessité d’importer.
Structure commerciale : vente directe marginale, forte proportion d’apiculteurs transhumants → commerce en fûts via intermédiaires.
Opacité statistique : absence de données sur les miels en transit → biais possible dans les chiffres.
3. Allemagne : acteur dominant
Leader européen : premier importateur et exportateur.
Production locale insuffisante : malgré un grand nombre d’apiculteurs vendant en circuit court.
Réexportations massives : miel importé (hors UE et UE) redistribué vers d’autres pays européens.
Influence sur les prix : son poids lui permet de fixer les tendances tarifaires.
4. Belgique : hub de transit
Commerce structuré depuis longtemps, mais explosion récente du transit.
Origine des miels : quasi exclusivement hors UE (Chine en tête).
Rôle stratégique : redistribution vers le marché européen.
5. Italie
Production : Environ 9 500 tonnes/an (stable depuis plusieurs années). [livebeekeeping.com]
Importations : Très élevées, ≈ 25 000 tonnes en 2023, soit plus que la production nationale. Principalement des miels à bas prix provenant de pays tiers (Chine, Argentine, etc.). [conquistalatino.it]
Exportations : Faibles, limitées à des miels de qualité (monofloraux) pour des marchés de niche.
Typologie : Pays importateur net, faiblement exportateur. Forte pression sur les apiculteurs locaux due à la concurrence des miels étrangers bon marché. [itsap.asso.fr]
Spécificités :Marché intérieur valorisé (205 M€ en 2023).
Forte demande pour miels italiens de qualité, mais vulnérabilité face au changement climatique et aux coûts de production.
6. Pologne
Production : Environ 19 000 tonnes/an, ce qui en fait un des producteurs importants de l’UE.
Importations : Présentes mais moins massives que l’Italie ; souvent pour compléter la demande ou pour négoce.
Exportations : Actives, mais une partie des volumes exportés pourrait être des mélanges UE/non-UE.
Typologie : Pays mixte : producteur significatif et acteur de négoce (import/export).
Spécificités :Forte tradition apicole.
Rôle croissant dans le transit de miels vers d’autres pays européens.
7. France
Production : Variable, autour de 20 000 tonnes/an (forte baisse en 2021 à 15 000 t, reprise en 2022).
Importations : Structurellement élevées pour combler le déficit. Moyenne décennale ≈ 33 500 tonnes/an ; en 2024, 33 743 t (+8 % vs 2023). Principaux fournisseurs : Ukraine (leader), Espagne, Chine.
Exportations : Très faibles (≈ 4 000 t en 2024), concentrées sur des miels premium (monofloraux).
Typologie : Pays importateur net, faiblement exportateur.
Spécificités :Déficit structurel du marché.
Forte dépendance aux importations directes des pays tiers (49 % en 2024).
Prix moyen à l’import en baisse (≈ 3 €/kg).