Pollinisateurs sauvages : l’Europe au bord d’une crise alimentaire et économique
Et si les insectes disparaissaient ? Une simulation menée par l’Université de Hohenheim tire la sonnette d’alarme : la disparition des pollinisateurs sauvages d’ici 2030 pourrait coûter 24 milliards d’euros à l’Europe et 34 milliards au niveau mondial. Au-delà des chiffres, c’est la sécurité alimentaire et la stabilité économique qui vacilleraient.
Des récoltes en chute libre
Fruits, légumes, oléagineux… Ces cultures dépendent des pollinisateurs. Sans eux, les rendements européens chuteraient en moyenne de 7 %, et jusqu’à 20 % en Espagne et en Europe de l’Est. Résultat : flambée des prix, raréfaction des produits, et une Union européenne contrainte de passer du statut d’exportateur à celui d’importateur.
Une facture salée pour les consommateurs
La hausse des prix ne toucherait pas que l’Europe. La demande accrue sur le marché mondial ferait grimper les coûts partout, frappant de plein fouet les pays les plus pauvres. Les chercheurs estiment que des millions de ménages vulnérables devraient consacrer une part encore plus importante de leurs revenus à l’alimentation.
Un impact sur la santé publique
Moins de fruits et légumes, c’est moins de vitamines. L’étude prévoit une baisse de 3,7 % de la disponibilité en vitamine A dans l’UE. Un risque sanitaire majeur, alors que des millions d’Européens souffrent déjà d’insécurité alimentaire.
Un paradoxe politique
Ironie du sort : les pays les plus exposés sont souvent ceux qui s’opposent aux réglementations européennes sur la biodiversité. « Les coûts économiques sont énormes dans les États dont les députés ont voté contre la restauration de la nature », souligne le professeur Arndt Feuerbacher.
Que faire ?
Les chercheurs plaident pour des investissements dans l’agriculture favorable à la biodiversité : bandes fleuries, haies, zones naturelles. « Une fraction des 24 milliards perdus suffirait à inverser la tendance », conclut Feuerbacher.