Défaites hivernales : pourquoi nos abeilles disparaissent ?
selon Ross Conrad
Un constat alarmant
Chaque hiver, les apiculteurs redoublent d’efforts pour préparer leurs colonies : nourrissement, traitements contre les acariens, vérification des reines, isolation des ruches. Malgré ces précautions, les pertes restent massives. L’hiver 2024-2025 illustre bien ce phénomène : 30 % de mortalité moyenne, avec des écarts allant de moins de 10 % à 100 % selon les ruchers. Cette variabilité indique que le problème dépasse les pratiques apicoles.
Les causes possibles
Deux facteurs dominent les hypothèses :
Changement climatique
Perturbation des cycles de floraison, sécheresses, nouveaux ravageurs.
Impact réel mais partiellement compensable par des apiculteurs attentifs.
Pesticides agricoles
Exposition chronique des colonies, surtout celles utilisées pour la pollinisation intensive.
Effets documentés : affaiblissement immunitaire, mortalité des ouvrières, réduction drastique de la longévité des reines (moins d’un an contre 3-4 ans historiquement).
Varroa : un acteur secondaire
L’acarien Varroa reste un vecteur de virus, mais il n’explique pas les pertes massives. La vraie question : pourquoi les colonies sont-elles si vulnérables ?
Réponse probable : affaiblissement immunitaire lié aux pesticides, aggravé par une réglementation insuffisante.
Des preuves scientifiques et historiques
Avant l’ère chimique, les apiculteurs pouvaient maintenir 100 colonies avec des récoltes fiables.
Aujourd’hui, les études montrent que les abeilles prospèrent dans des zones combinant agriculture biologique et habitats naturels (prairies, haies).
Les monocultures intensives, elles, créent des « déserts alimentaires » et multiplient les risques chimiques.
Symptômes inquiétants
Reines défaillantes : mortalité précoce observée même chez des reines jeunes et bien accouplées.
Résistance aux acaricides : l’usage excessif d’Amitraz favorise des Varroa résistants, vecteurs de virus.
Corrélation géographique : ruchers éloignés des cultures chimiques subissent moins de pertes.
Conclusion : un problème systémique
Le défi majeur n’est ni le climat ni Varroa, mais l’agriculture chimique et ses externalités. Tant que les pesticides resteront omniprésents, les apiculteurs ne pourront enrayer la spirale des pertes hivernales.